Le mois de décembre 2019 est à marquer d'une pierre blanche pour Essaouira, berceau de la culture Gnaoua. Le 12 décembre dernier, l'art et la musique Gnaoua ont rejoint la liste prestigieuse du patrimoine immatériel de l'humanité de l'Unesco. Une reconnaissance de taille pour cette communauté encore considérée comme marginale jusqu'à il y a peu…
Rencontre avec l'ancienne confrérie des Gnaoua
Pour comprendre l'importance de cette reconnaissance officielle, il faut remonter plusieurs siècles dans le passé, jusqu'aux origines de la communauté Gnaoua. Au 16e siècle, d'anciens esclaves venus d'Afrique subsaharienne sont contraints de se convertir à l'Islam et décident de mêler cette religion aux rites animistes du Sahel. L'art Gnaoua, mélange de musique, de danse et de rituels, voit alors le jour. L'objectif premier est thérapeutique, la parfaite harmonie des rythmes de luth, de tambours et de castagnettes et des voix appelant à la transe.
Dès les prémices de son existence et jusqu'à la fin du 20e siècle, l'art Gnaoua est marginalisé. Il faudra attendre la création du Festival d'Essaouira pour qu'enfin soit reconnue toute la valeur historique et culturelle de cette tradition musicale.
Découverte du festival d'Essaouira
Le premier festival d'Essaouira en 1997 marque le renouveau et la reconnaissance de l'art et de la musique Gnaoua. Longtemps considérés comme des troubadours, les artistes jouissent aujourd'hui d'une plus grande notoriété et d'une reconnaissance mondiale. Chaque année au début de l'été, la ville d'Essaouira revêt ses plus beaux habits de fête afin d'accueillir des milliers de visiteurs venus assister à des représentations de musique Gnaoua. Vêtus de leurs costumes aux couleurs vives, les musiciens, équipés de leur grageb et de leur guembri, se représentent devant un public en transe. Pendant trois jours, toutes les musiques du monde sont en symbiose sur les différentes scènes, formant un melting-pot musical des plus intrigants. Le "Woodstock africain", comme on le surnomme, représente un passage incontournable pour plonger dans la culture Gnaoua et profiter de l'atmosphère festive d'Essaouira.
Un art méconnu aujourd'hui classé à l'Unesco
Cette inscription à la liste du patrimoine immatériel de l'humanité de l'Unesco permet aux Gnaoua d'être enfin reconnus pour toute la richesse que leur culture et leur musique a apporté au Maroc. Cette culture minoritaire, parfaitement représentative des différents visages de l'identité marocaine, mêle le sacré au profane autour d'un art unique en son genre. Cette reconnaissance officielle est une excellente nouvelle pour les Gnaoua puisqu'ils sont maintenant assurés de la transmission et de la pérennisation de leur tradition orale multi-centenaire. C'est aussi une façon de faire connaître cette culture extrêmement populaire aux nouvelles et futures générations qui ressentiront probablement tout le devoir et la fierté de perpétuer les rythmes inimitables de la musique Gnaoua…